L’École nationale d’art (ENDA) est le résultat prolongé de quatorze années de recherches. Les évènements qui ont conduit la Biennale de Paris à créer, capter ou s’accaparer les formes respectives de collège, d’institut et d’école, marquent non seulement des étapes dans la réalisation de ses recherches en pédagogie, mais plus généralement une certaine sensibilité au changement, qui chaque fois, redessine les contours et les modalités de son action. Sa fonction et son rôle en tant qu’école d’art se sont trouvés modifiés par ceux qui l’ont traversé et par le monde dans lequel elle évolue.
Le Collège de la Biennale de Paris
L’idée de créer un lieu pédagogique de la Biennale de Paris s’était imposée en 2008 afin de réinventer l’école d’art sur la base de nouveaux contenus et des nouvelles méthodologies, à des pratiques émergentes non alignées découvertes par la biennale dès 2001. C’est ainsi que la biennale à créé le « Collège de la Biennale de Paris » en 2008. Certains éléments du collège resteront comme une base pour son évolution future : la mobilité, une organisation par modules. Le collège estimait que les limites de l’art sont plus larges que celles de l’art visuel à savoir de l’oeuvre d’art. Le collège s’affirmait comme « un moment collégial sans élèves, sans enseignants, sans toit, sans cursus, en rupture avec toutes les notions qui instituent l’art et son enseignement. »
Les deux années d’existences du Collège de la Biennale de Paris, autour d’Alexandre Gurita, Ghislain Mollet-Viéville, Steven Wright, François Deck, Liliane Viala, Sylvain Soussan, Jean-Baptiste Farkas, Paul Robert, Karine Lebrun, Claire Dehove et André Éric Létourneau, ont fait émerger des problématiques liées à l’expérimentation de la notion même d’école d’art. Cette « expérience collégiale » sera prolongée par un véritable établissement d’enseignement, l’Iheap (Institut des hautes études en arts plastiques).
L’Institut des hautes études en arts plastiques (Iheap)
Jacques Chirac, Maire de Paris, demande en 1983 à Pontus Hulten de créer une école comme une alternative à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ensba). L’institut des hautes études en arts plastiques (Iheap) est né en 1989 après six années de tergiversations bureaucratiques.
Pontus Hulten, par ailleurs le co-concepteur du Centre Pompidou, créé une équipe d’intellectuels et d’artistes et lance cette école qui voulait prendre la suite de Bauhaus College et de Black Mountain College, deux écoles d’art révolutionnaires en leur temps. Parmi les personnels de l’école on compte par exemple Pierre Bourdieu qui en était le secrétaire ou Daniel Buren qui a été son directeur la dernière année.
L’institut à fonctionné pendant sept ans sous la Direction de Pontus Hulten. Il a été liquidé en 1995 après huit sessions (années de travail et de recherche), quand Jacques Chirac, Maire de Paris a été élu Président de la République. La Ville de Paris subventionnait l’institut intégralement et lors de ce changement à la Mairie les subventions ont été intégralement supprimées.
Après son expérience avec le collège, la Biennale de Paris voulait aller plus loin et créer un véritable établissement d’enseignement. En mettant en pratique le principe qui l’a vu renaître en 2000, elle a ainsi capté cet institut tombé dans le domaine public pour en faire un véritable lieu de pédagogie artistique d’un nouveau genre digne du XXIe siècle. Le 13 janvier 2013 s’ouvrait ainsi à Paris dans un sous sol d’un bâtiment la IXe session de l’Iheap.
L’Iheap New York
En 2015 l’Iheap créé une antenne à New York afin d’élargir la géographie de son action. Les écoles d’art sont extrêmement chères aux Etats-Unis et souvent inaccessibles pour la plupart. L’idée était de proposer un cursus et une recherche de haut niveau accessible à toutes et à tous. L’Iheap New York, première école d’art française à l’étranger, comptait parmi ses intervenants Robert Storr, Steven Henry Madoff, Henry Flynt ou encore Jeffrey Perkins. Sur le même mode de fonctionnement qu’à Paris, l’Iheap New York organisait ses modules dans des multiples lieux.
L’Iheap nouvelle version a fonctionné pendant cinq ans de 2012 à 2017.
L’ENDA (École nationale d’art)
En 2018 l’Iheap change de nom et devient l’École nationale d’art (ENDA). L’ENDA est une école apprenante et capitalise ses expériences pour aller encore plus loin que tout ce qui a pu être réalisé en terme d’inventivité pédagogique. Elle est devenue aujourd’hui ce que Bauhaus était en son temps. Selon l’ENDA la recherche artistique ne peut être envisagée comme une réitération du passé et des standards de l’art et en ce sens elle doit toujours être porteuse d’inventions nouvelles.
L’ENDA s’affirme comme une école d’un nouveau genre, une école ou la recherche, le risque, l’expérimentation sont la règle et non pas l’exception et où l’inconnu s’affirme comme un élément de travail indispensable. L’art a toujours été une négociation avec l’inconnu et c’est qui lui a permis de se dépasser constamment.
Depuis ses débuts rudimentaires avec le Collège de la Biennale de Paris jusqu’à aujourd’hui, l’ENDA s’affirme comme la première école de recherche artistique au monde ou tout est possible de faire sauf ce qu’il l’a déjà été.