Francesco Masci

Francesco Masci

Philosophe

Francesco Masci s’intéresse en particulier à la culture moderne en affirmant que celle-ci est le lieu où le Sujet de la tradition métaphysique occidentale, après avoir été expulsé de la société, trouve refuge en tant que subjectivité fictive, c’est-à-dire comme agrégat d’images auto-référentielles. Les événements de la culture moderne inscrivent le sujet dans une temporalité neutralisée à travers laquelle la volonté belliqueuse de s’attaquer à la société, qui, depuis le romantisme, représente le langage commun de ces événements, se transforme immanquablement en une apologie de cette même société. Les œuvres d’art de la tradition avant-gardiste, comme les « installations » ou les « happenings », n’offrent que les exemples les plus spectaculaires de ce mécanisme qui réussit à concilier rhétorique du changement et pratique de l’impuissance. Francesco Masci affirme que la culture fonctionne comme un catalyseur d’« événements », toujours attendus, consommés, puis oubliés. Ils ne sont pas seulement ontologiquement incapables de révolutionner la société, mais ils en constituent la justification la plus solide. Il appelle l’« entertainment » (le « divertissement »), la déperdition du politique, la dissémination du rôle de l’Etat dans la société qui laisserait place à une culture fictive, dévorante par son ampleur mais linéaire, où chaque image ne ferait que renvoyer à une autre, entretenant l’utopie d’une différence. Le renversement de la hiérarchie opéré par la Révolution française a laissé place à une nouvelle puissance asservissant l’homme et le désignant d’emblée comme asservi : le flot d’images, de mythes et de symboles véhiculé par la culture. L’entertainment crée en effet des situations de perpétuelle attente, entre des événements toujours plus proliférants. Pour lui, il représente une force agissant non plus par le haut mais selon une dissémination horizontale, qui est une autre forme de domination.

Citations

« Toutes les promesses que la culture exprime sont satisfaites et ne peuvent être renouvelées, car, à chaque moment de son histoire, elle produit et épuise son propre public. »

« La superstition est la réduction du monde à un horizon d’attentes prédéterminées. Grâce à elle, est non seulement assurée la connaissance de ce qui arrivera mais aussi de ce qui doit arriver. »

Publications

L’ordre règne à Berlin éd. Allia, 2013.

Entertainment ! Apologie de la domination, éd. Allia, 2011.

Superstitions, éd. Allia, 2005.

Conférences et débats

On va continuer, La Maison des Écrivains et de la Littérature fête ses 25 ans, Petit Palais, Paris, 2011.

Karl Marx et la Mode, Centre Culturel Calouste Gulbenkian, Paris, 2010.

La Force de l’art 2, Grand Palais, Paris, 2009.

Quand, comment, pourquoi et où y a-t-il de l’art aujourd’hui ?, table ronde, présentation de la Biennale de Paris à l’Institut d’Études Supérieures des Arts, Paris, 2007.

200 ans de loyaux services, 15e Amicale de la Biennale de Paris chez Ghislain Mollet-Viéville, 2007, Paris.

Pour un nouveau statut de l’art, débat organisé par Les Rencontres Place Publique au Musée Guggenheim (Bilbao), 2005.

L’art à l’heure de la perte de son auto évidence, Columbia University, New York, 2004.

Est-il nécessaire de parler de l’art pour répondre aux interrogations qui l’animent ?, débat du Forum de l’essai sur l’art au Palais de Tokyo, Paris, 2003.

L’art contemporain à l’âge démocratique, Les Rencontres Place Publique à l’Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts « Beït Al-Hikma », Carthage, 2003.

À quoi sert l’art aujourd’hui ?, Organisé par Jacques Serrano à l’Institut Français d’Ukraine, Kiev, 2003.

Situations de l’art, Musée d’Art contemporain de Montréal, Montréal, 2002.